Quel est donc cet homme sur ce sentier de montagne ? Que fait-il là ?
Où va-t-il ? Fuit-il le monde humain ? Part-il pour se remettre du mal de vivre ?
Il s’agit du début d’une histoire simple. Un jeune homme se retire dans la montagne pour peindre et méditer sur son art. Il trouvera dans ce lieu retiré un refuge et des rencontres singulières. Mais ce récit s’avère aussi une réflexion sur l’art. Nous y retrouvons la tradition japonaise mais l’auteur la dépasse en proposant une réflexion personnelle à partir de la peinture occidentale.
Ici, il met en avant la poésie comme recours pour vivre. Pourtant, il ne s’agit pas de l’ériger en valeur supérieure qui donnerait sens à l’existence et justifierait le sentiment de vide voire les souffrances de l’artiste ; mais de trouver dans le quotidien la beauté même du monde :
« Il suffit de contempler le monde où l’on vit, et de contenir, avec pureté et clarté, dans l’appareil photographique de l’esprit, le monde d’ici-bas, futile et chaotique. C’est pourquoi un poète anonyme qui n’a pas écrit un seul vers, un peintre obscur qu n’a peint qu’une seule toile, sont plus heureux qu’un millionnaire, qu’un prince, que toutes les célébrités du monde trivial, car les premiers savent observer la vie, peuvent s’abstraire de toute préoccupation, sont en mesure d’entrer dans le monde de la pureté, de construire l’univers unique et de balayer les contraintes de l’égoïsme. »
Je ne pouvais résister à vous inviter à suivre ce jeune homme sur le sentier de ses pensés et à parcourir ce récit lumineux qui donne l’impression de comprendre l'être humaine. Il s’agit d’Oreiller d’herbes, un livre publié en 1906, par Natsume Soseki, poète et écrivain japonais.
« Tout artiste est précieux car il apaisele cœur humain et enrichit le cœur des hommes. »